Un bonhomme qui découvre sa personnalité

Cet article a été rédigé avec enthousiasme par Adrien Delaunay

Qu’est-ce que l’Ennéagramme et à quoi ça sert ?

9 types de personnalité

La personnalité humaine est quelque chose d’infiniment complexe. C’est l’organisation de nos traits de caractère psychologiques, de nos mécanismes internes, de nos croyances et de nos motivations profondes, le tout formant un ensemble cohérent. Cette personnalité se répercute sur nos interactions avec l’environnement extérieur, sur les relations que nous entretenons avec nos proches, avec nos collègues. Elle est à la base des grands choix de notre vie, comme de nos petits comportements du quotidien. Et pourtant, on se pose rarement la question « tiens, comment est-ce que je fonctionne ? D’où ça vient tout ça ? ». Et quand on se pose ces questions, difficile de savoir par où commencer…

L’Ennéagramme, c’est ça, c’est aller explorer cette personnalité invisible, à partir de laquelle on construit l’ensemble de nos interactions avec l’extérieur.

L’Ennéagramme, c’est aussi 9 profils de personnalité. Le système propose en effet 9 structures de caractères, comme 9 points de repères qui permettent d’aller explorer les méandres de notre propre personnalité. Il ne s’agit donc pas d’essayer de rentrer à tout prix dans un des neufs archétypes, mais plutôt de partir de ces profils pour observer de plus près son propre fonctionnement personnel… et de mieux comprendre celui des autres !

Le plus grand voyageur est celui qui a su faire le tour de lui-même.
Confucius (Oui, Gandhi lui a pompé son texte !)

Il s’agit donc autant de comprendre [la carte] que de pratiquer [le territoire] : observer et ressentir ce qu’il se passe à l’intérieur de soi. Observez comment vous entrez en relation avec les autres, comment vous prenez vos décisions et pourquoi, et vous apprendrez à découvrir qui vous êtes. Les profils de personnalités de l’Ennéagramme ne sont qu’une cartographie pour se repérer dans cette étonnante exploration de soi-même et des autres.

La photo d'un stage Ennéagramme en Juin 2023 avec Entreprise Vivante

Les applications concrètes

Je ne sais pas si on peut vraiment parler de « concret » quand il s’agit de la personnalité humaine, mais pour le dire simplement, l’Ennéagramme permet de mieux se connaître et de mieux comprendre les autres.

Mieux se connaître (Exprimer le meilleur de soi)

Nous avons tous au moins une vague idée de qui l’on est. Nous sommes tous capables d’exprimer, même vaguement, que nous avons de bons côtés, et… de moins bons côtés, des moments où nous pouvons être désagréables. D’ailleurs, ces moments-là sont souvent désagréables pour nous aussi, usants ou épuisants. Et pourtant, il nous arrive de nous y complaire, d’y trouver une forme de confort, et c’est bien le piège ! À l’inverse, quand nous sommes de notre bon côté, quand nous incarnons ce que nous sommes de meilleur, nous nous sentons confiants, légers et plein d’énergie. Nous sommes capables d’agir avec justesse et mesure, d’avoir un réel impact sur notre environnement sans dépenser d’énergie. Nous mettons en œuvre nos talents et qualités naturelles, et c’est tellement simple pour nous que nous avons du mal à comprendre pourquoi d’autres semblent en difficulté avec ça.

Et si on pouvait apprendre à revenir plus vite du bon côté ? À repérer ce qui nous fait plonger dans nos travers, à l’accepter et à comprendre à quoi ça nous sert, puis à revenir consciemment, intentionnellement, vers la meilleure version de nous-même ?

En observant comment fonctionnent nos mécanismes intérieurs, en les mettant à jour, nous devenons capables d’agir sur eux, plutôt que de les laisser agir sur nous. Il ne s’agit pas de les dompter ou de les supprimer : nous sommes ce que nous sommes. Il s’agit plutôt de comprendre et de ressentir en quoi ces mécanismes nous sont utiles, de quoi ils nous protègent, puis de muscler notre capacité à en sortir. En fonction de notre personnalité, nous avons certaines croyances, des mécanismes de défense (qui permettent de maintenir ces croyances), des biais de l’attention (nous sommes focalisés sur ce qui sert nos défenses), etc. Pendre conscience de ces engrenages, les ressentir à l’œuvre, permettra petit à petit de s’en dégager. La connaissance de soi ne permet pas de devenir soudainement heureux ou sage, elle permet simplement de passer plus de temps du bon côté de nous-même, d’exprimer plus souvent le meilleur de soi.

En synthèse :

  • Meilleure gestion / expression de ses émotions (et pour certains, ça commence par les découvrir, mais je ne vise personne…) ;
  • Acceptation de nos défauts, de nos travers, et meilleure capacité à les réguler ;
  • Prise de conscience de nos talents naturels, là où c’est tellement facile pour nous d’être excellent que l’on ne se rend même plus compte que c’est une vraie compétence… ;
  • Apaiser ces mécanismes de défense qui nous poussent à toujours adopter le même comportement ; donc avoir plus de choix dans la façon dont nous souhaitons répondre à notre environnement.

Dans nos relations avec les autres

Si l’on souhaite transformer la relation que nous entretenons avec nos proches, nos collègues ou notre hiérarchie, le point de départ reste de transformer ce dont nous sommes responsables : nous-mêmes. Ce qui nous ramène au paragraphe précédent.

Néanmoins, ça vaut le coup de s’intéresser aux autres. Nous savons bien que tout le monde ne fonctionne pas comme nous, nous l’avons bien remarqué… Nous trouvons les autres et leurs réactions parfois étranges ou incompréhensibles, pour ne pas dire stupides. Mais si, avouez-le, il vous arrive de vous sentir supérieur tellement le comportement de votre collègue vous semble absurde. Je sais que le non-jugement est à la mode, mais la réalité est qu’une part de nous ne peux pas s’empêcher de mesurer (de juger) ce que font les autres à la lumière de nos propres valeurs, de nos propres croyances. Par exemple, ce collègue qui veut toujours relire une dernière fois le rapport avant de le rendre… Soit pour chipoter sur les finitions, soit pour énoncer, encore une fois, les doutes qu’il a quant à la suite du projet. Vous êtes-vous posé la question de savoir pourquoi il faisait ça ? Avez-vous la moindre idée de ses motivations profondes, de ce qu’il ressent au fond de lui à ce moment-là ? Et tous les autres, ceux qui au contraire veulent toujours aller trop vite, rendre des projets presque bâclés et passer au suivant ? Pourquoi font-il ça ? Quand ceux qui ont besoin de vérifier se heurtent à ceux qui ont besoin de passer à la suite, et plus vite que ça, il y a de l’orage dans l’air…

À partir de-là, nous pouvons rester convaincus que notre façon de voir les choses est la bonne, chercher à convaincre l’autre ou à prendre le pouvoir sur lui, ou bien nous pouvons faire preuve de plus d’intelligence : accepter que notre point de vue n’est qu’un point de vue, et qu’un autre regard sur la situation serait surement enrichissant. Faire preuve de compassion envers ce que l’autre vit et tenir compte de son ressenti. Chercher ensemble une solution qui profite de la somme des deux personnalités en présence, plutôt que de chercher laquelle doit prendre le dessus sur l’autre.

Et pour aller explorer comment les autres vivent et voient le monde, je ne connais pas de meilleure cartographie que l’Ennéagramme, ni de meilleure pratique que sa tradition orale. Tout ce que vous avez voulu savoir sur l’humanité, sans avoir jamais pensé à le demander…

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En synthèse, l’Ennéagramme, à quoi ça sert ?

  • Développer sa capacité à communiquer avec des personnalités différentes, voire opposées à la nôtre ;
  • Engager une conversation centrée sur le pourquoi de nos différences afin de prévenir / résoudre des conflits ;
  • Au-delà de la simple compréhension intellectuelle, générer une réelle compassion pour les autres profils de personnalité et développer son empathie ;
  • Appréhender la beauté et la richesse de la diversité de notre humanité. Une de mes plus grandes surprises après l’Ennéagramme, a été de me rendre compte qu’au fond, j’ignorais qui étaient vraiment mes proches...
La photo d'une citation d'André Malraux

Origines du système

Les origines de l’Ennéagramme sont assez floues, on en retrouve des traces dans plusieurs traditions anciennes, jusqu’à Pythagore. Mais l’on va ici s’intéresser aux travaux d’Helen Palmer (diplômée de psychologie, elle est intervenue dans plusieurs université américaines comme Harvard, l’université de psychologie de Californie, etc.) et David Daniels (Docteur en médecine et psychologue, il a été directeur du département psychiatrie et sciences comportementales à l’université de Stanford). Dans les années 1970, ils font partis du mouvement Palo Alto, qui a, en autre, donné naissance à la PNL, à l’Analyse Transactionnelle, à l’Ennéagramme, et bien d’autres outils encore. Dans un contexte de guerres internationales à répétition, la philosophie reste la même : mieux je comprends les mécanismes de ma personnalité, plus je serai capable d’interagir pacifiquement avec mon environnement. Pour le dire autrement, plus je suis en paix à l’intérieur, moins j’irais faire la guerre à l’extérieur. C’est à cette époque-là qu’ils ont, avec d’autres, posé les bases de l’Ennéagramme contemporain.

C’est, de toute évidence, le système le plus complexe et le plus sophistiqué que je n’aie jamais rencontré, mais c’est une complexité sensible et intelligente, non pas une confusion.
Dr TART, PhD Professeur de psychologie, University of California Davis

À partir de là, plusieurs auteurs (Claudio Naranjo, Russ Hudson & Don Riso, Beatrice Chesnut, Eric Salmon, Philippe Halin et Jacques Prémont, Fabien et Patricia Chabreuil, etc.) se sont succédés pour partager leurs recherches et compléter le système. Comme notre personnalité, l’Ennéagramme est en perpétuelle évolution !

Avertissement

Je l’évoquais en introduction, et il me semble important de le rappeler clairement. La construction de notre personnalité est un processus complexe, sur lequel il reste encore aujourd’hui plus d’inconnues que de certitudes. Pour appréhender la complexité, l’être humain dessine des modèles : des versions simplifiées de la réalité, plus simples à appréhender. L’Ennéagramme est le système le plus complexe que je connaisse pour parler de la personnalité. Mais les profils décrits, aussi subtils qu’ils puissent être, n’ont pas la prétention de ‘résumer’ un être humain.

Ce n’est pas vous qui êtes un profil Ennéagramme. C’est l’inverse : ces profils sont une bonne porte d’entrée vers votre propre personnalité, unique, complexe et sans cesse en évolution, et vers celle des autres. À vous d’avoir la curiosité d’aller au-delà du pas de la porte…

Les 9 types de personnalités de l’Ennéagramme

Dans certains ouvrages, vous trouverez des petits-noms pour chacun des 9 profils de personnalité. Je préfère m’en tenir aux chiffres, car avant même de lire quoique ce soit, avant même d’échanger avec un être humain, si je vous dis « le chef », vous vous êtes déjà fait une idée de la personne et de son caractère. Le chiffre, lui, reste neutre.

Réduire toute la richesse et la complexité d’une personnalité à un mot, ça n’a aucun sens. La réduire aux quelques lignes des paragraphes qui suivent, honnêtement, ça n’a pas beaucoup d’intérêt non plus. Le meilleur moyen de découvrir et de comprendre un type ennéagramme, c’est de prendre le temps d’échanger, avec curiosité et compassion, avec les personnes de ce profil. Ce n’est que dans cette « tradition orale » que vous pourrez appréhender la profondeur et les nuances de ces structures de caractères. Ce n’est qu’en lien avec d’autres humains que vous pourrez mieux apprendre à communiquer ou être en relation avec des êtres humains... La question « Comment manager et se comporter avec une personne de type 4 ? » n’a pas de réponse simple.

L’ennéagramme est une cartographie visant à simplifier la complexité de l’humain pour mieux l’approcher, pas un guide de recettes faciles à mettre en œuvre.

Ok Adrien, on a compris, on ne peut pas résumer un type ennéagramme en un paragraphe... Mais tu peux quand même essayer ?

D’accord, pour vous, et pour le référencement Google, je vais faire du mieux que je peux. Mais à condition que vous fassiez l’effort d’être curieux, ouvert, et que vous ne réduisiez personne à ces quelques lignes ! Et qui sait, si ça permet à Chat GPT d’être plus subtil dans ce qu’il explique…

Nota : les schémas de l’enfance décrits dans les paragraphes suivants sont des tendances observées chez les personnes de chaque profil. Je ne dis pas qu’elles sont la cause de leur personnalité. Elles ont sans doute eu un impact, mais sont peut-être aussi le fruit d’une sur-sensibilité de l’enfant à ces situations. Il ou elle l’aura alors vécu plus intensément que ses frères et sœurs, qui auront peut-être eu l’impression d’avoir eu des parents différents.

Ennéagramme : le type 1

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 1 de l’ennéagramme, j’ai la sensation que ce monde est sérieux, qu’il juge et punit les fautes et les mauvais comportements ; et que pour avoir le droit d’exister, je me dois d’être irréprochable. Je vais donc chercher à maîtriser mes comportements, à être ‘quelqu’un de bien’, exemplaire, quitte à mettre de côté mes impulsions de vie et ma spontanéité d’enfant.

Au fond, j’ai peur de perdre le contrôle de moi-même, de mon agacement et de ma colère. J’ai peur de mal agir et d’être pris en faute, d’être critiqué pour mes actions, mes déficiences ou mes écarts. Dans l’idéal, je me vois comme quelqu’un de responsable, intègre et vertueux ; je vais toujours chercher à faire de mon mieux. Et pour maintenir cet idéal, il est vital de garder le contrôle de mes émotions et de mes impulsions, de maintenir un haut niveau d’exigence avec moi-même. Je vais donc résister à mes pulsions instinctives et à mes envies de plaisir (parce que selon moi le plaisir se mérite), tout faire pour réprimer mes émotions (notamment mon agacement), et adopter un comportement plus socialement acceptable. Plutôt que de succomber à ma colère et te dire tes quatre vérités, je vais la contenir à l’intérieur, l’empêcher de sortir à tout prix. Elle se lira vraisemblablement sur mon visage, mais ce n’est rien à côté de ce qui implose à l’intérieur. Je vais tout faire pour garder le contrôle des émotions qui se déchainent à l’intérieur de moi pour rester droit et vertueux.

Après quelques années de pratique, j’excelle à construire un monde meilleur, à mettre de l’énergie dans des actions concrètes pour améliorer les choses, le monde et moi-même. J’ai conscience du potentiel, je sens à quel point chaque situation pourrait être parfaite et pure, et je sais me retrousser les manches pour que l’on atteigne cet idéal ensemble.

Schéma de l’enfance du type 1

Les personnes qui se reconnaissent dans le profil 1 racontent souvent qu’elles ont le sentiment d’avoir été fortement critiquées ou punies dans leur enfance, alors mêmes qu’elles avaient respecté le cadre qui leur était donné. Même en respectant les règles imposées par l’autorité elles ont pu être violemment critiquées. Ou bien être mise en faute alors qu’il n’y avait justement aucune règle claire, aucun cadre. Il leur semble alors naturel de s’imposer à elles-mêmes des exigences encore plus fortes afin de ne plus être pris en défaut : « puisque mon père n’est pas fiable, je serai mon propre père ». Ils se créent alors leur propre système de règles, se surveillent eux-mêmes et se punissent eux-mêmes pour que personne ne les punisse.

Ils ont souvent endossé prématurément une mission, un rôle d’adulte pour lequel il y avait de grandes attentes, mais peu de reconnaissance malgré les sacrifices consentis.

La dynamique : entre ressentiment et sérénité

Mon réflexe est d’aller vers plus de ressentiment, et j’aurai besoin d’aller vers plus de sérénité.

Les 1 peuvent rester coincés dans une forme de critique constante d’eux-mêmes, des autres, du monde qui les entoure. Ils constatent tous les jours que la réalité n’est pas à la hauteur de ce qu’elle « pourrait », donc « devrait » être. Ce décalage augmente chaque jour une tension intérieure, une colère qui ne peut se dire et qui s’échappera sous forme d’agacement, de remarques cinglantes, parfois envers les autres, mais avant tout envers eux-mêmes.

La sérénité, c’est désamorcer le jugement et la critique automatique et accepter avec sérénité les choses comme elles sont. C’est être plus tolérant avec soi-même et avec les imperfections du monde, être plus doux avec soi-même, mieux s’aimer et savoir se pardonner. Accepter de baisser le niveau d’exigence quand les choses ne peuvent être changées. Lâcher prise, sans être résigné pour autant. Je me permets ici de paraphraser la prière de la sérénité de Reinhold Niebuhr : « accepter avec sérénité ce qui ne peut pas être changé, trouver le courage de changer ce qui peut l’être, et avoir la sagesse de discerner l’un de l’autre ». Faire ce qu’on peut avec ce qu’on a…

Ennéagramme : le type 2

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 2 de l’ennéagramme, j’ai le sentiment que je n’ai pas de valeur intrinsèque, que l’amour de l’autre ne m’est pas offert gratuitement, et que je dois d’abord donner de moi pour espérer être aimé en retour. Je vais alors tout faire pour aller au-devant des besoins des autres et prendre soin d’eux, tout en continuant de douter d’en avoir fait assez pour mériter un amour sincère.

Au fond j’ai peur d’être ignoré, de ne pas exister dans les yeux et dans le cœur des autres. J’ai peur d’être rejeté, de ne plus me sentir en lien, d’être coupé de l’autre. Dans l’idéal, je me vois comme quelqu’un d’altruiste et généreux, au service des autres, avec énormément d’amour à donner. Et pour maintenir cet idéal, il est vital que je ne sois pas, moi, dans le besoin. Il est vital d’être toujours en capacité de mettre de l’énergie pour répondre aux besoins des autres. Je vais donc réprimer mes propres besoins, mettre de côté mes envies et tout ce qui pourrait ressembler, ne serait-ce que de loin, à une forme d’égoïsme, de « penser à soi ». Je vais plutôt focaliser mon attention sur « Comment vont les autres autour de moi ? », « Comment est-ce que je pourrai leur rendre service ? », et chercher à m’ajuster à eux et à me rendre utile.

Après quelques années de pratique, j’excelle à anticiper les besoins des autres et à prendre soin d’eux. Je me connecte à l’autre et ressens dans mon cœur son état émotionnel, et je sais ce qui peut être fait pour l’aider et le soulager. Je sais mettre en lumière ses qualités, ce qu’il y a de bon en lui, alors qu’il n’en a peut-être même pas conscience lui-même.

Schéma de l’enfance du type 2

Dans l’enfance, les 2 semblent avoir compris qu’ils étaient aimés pour les services qu’ils rendaient, ou pour l’affection qu’ils donnaient, pour leur gentillesse, et non pas pour qui ils étaient. Ils ont appris à ressentir l’humeur et les attentes des adultes autour d’eux et à s’y ajuster. Il se sont construits en fonction de ce dont l’autre avait besoin ou envie, et ont ainsi eu droit à son affection. De quoi mes parents ont-ils besoin ce soir ? Que je m’occupe de mon petit frère ? Ou que j’aide à la cuisine ? Comment est-ce que je me positionne dans notre relation pour recevoir un maximum d’amour et d’attention de ta part ?

La dynamique : entre orgueil et humilité

Mon réflexe est de me rendre toujours plus indispensable, et j’aurai besoin d’aller vers plus d’humilité.

Les 2 sont persuadés que plus ils sont utiles, plus ils sont aimés et ont de la valeur. Ils peuvent donc avoir tendance à toujours chercher à se rendre nécessaires, coûte que coûte. Ils vont alors tirer un certain orgueil du soutien qu’ils apportent : « ma contribution participe à ta réussite ». Leur estime d’eux-mêmes sera nourrie par les « merci, je n’aurai pas réussi sans toi ». Angoissés d’être abandonnés s’ils ne répondent pas aux besoins des autres, ils vont s’épuiser à toujours donner aux autres, tout en ayant le sentiment de ne pas être assez reconnu pour ce qu’ils apportent. Leur entourage finira par considérer normal qu’ils donnent autant, ce qui peut devenir extrêmement frustrant. Ils pourraient alors prendre conscience qu’au fond, ils attendent eux aussi de recevoir sans jamais le demander, et que cette attente n’est jamais satisfaite.

À l’opposé de ce besoin d’être indispensable, les 2 vont devoir apprendre à observer ces moments où ils abusent de leur générosité pour être aimés, pour que l’on s’occupe d’eux en retour. Puis à prendre mieux soin d’eux, par eux-mêmes, et à ne plus se voir comme égoïstes dès qu’il s’accordent du temps personnel. Ils vont devoir apprendre à se connecter à leurs besoins, à les exprimer et à y répondre. Plus nourris, ils pourront alors faire preuve d’une grande humilité : toujours aussi en lien avec les autres et leurs besoins, ils pourront ainsi choisir d’aider librement, seulement si l’autre le souhaite, et sans rien attendre en retour de sa part.

Ennéagramme : le type 3

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 3 de l’ennéagramme, j’ai le sentiment que pour être digne d’amour et d’attention je dois me surpasser et accomplir des actes remarquables à vos yeux. Je vais donc me focaliser sur ce que vous trouvez admirable, tout faire pour l’incarner, et tant pis si j’en perds le lien avec ce que je suis vraiment.

Au fond j’ai peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, peur de ne plus briller assez à vos yeux pour être digne de votre amour et de votre attention. Je crains que vous me trouviez en situation d’échec, parce qu’alors je n’aurai plus aucune valeur de votre point de vue. Dans l’idéal, je me vois comme quelqu’un qui réussit ce qu’il entreprend, avec plusieurs succès à mon actif, et capable d’accomplir de grandes choses. Et pour maintenir cet idéal, il est vital d’éviter l’échec, de ne pas me trouver dans une situation où je n’aurai rien à montrer pour prouver que j’ai de la valeur. Je vais donc mettre de côté mes émotions et mes sentiments pour faire mon propre marketing. Fermer mon « clapet émotionnel » me permet de concentrer mon énergie sur l’atteinte de mes objectifs, de me délester du poids des émotions qui me ralentissent pour pouvoir faire plus en moins de temps. En mettant de côté ce que je ressens vraiment, qui je suis vraiment, je vais également pouvoir pour mieux incarner les codes de mon environnement et projeter l’image idéale du rôle qui est valorisé dans le contexte présent.

Après quelques années de pratique, j’excelle à entreprendre des projets ambitieux, à faire preuve d’efficacité et d’une grande force de travail, et à entrainer les autres avec moi dans une énergie enthousiaste du type « nous allons y arriver, let’s go ! ». Je ressens au fond de moi à quel point tout est possible, à quel point nous sommes capables de construire l’impossible ensemble.

Schéma de l’enfance du type 3

Les personnes qui se reconnaissent dans le profil 3 racontent souvent avoir eu le sentiment de ne pas pouvoir être simplement qui elles étaient. Que leur authenticité, leurs aspirations et leurs sentiments n’étaient pas entendus, voire étaient rejetés. Au contraire, ils étaient reconnus et recevait de l’affection quand ils faisaient quelque chose de remarquable, qui sorte de l’ordinaire (avoir la meilleure note de la classe, être élu capitaine de l’équipe, avoir le rôle principal dans la pièce de théâtre, etc.). Ils en ont gardé que si « être soi » n’a pas de valeur, « accomplir » semble beaucoup mieux fonctionner ! Ce sont des enfants qui ont été aimés pour ce qu’ils ont fait, plus que pour qui ils étaient. Ils ont donc tout fait pour atteindre ces résultats, ces « premières places ». Que le sujet les passionne ou non est sans importance, ils travaillent dur pour se mettre dans une position qui leur permettra de récolter un peu d’amour et de reconnaissance.

La dynamique : entre duperie et authenticité

Mon réflexe est de travailler l’image que je projette, et j’aurai besoin d’aller vers plus d’authenticité.

Quand on parle de duperie pour le 3, il s’agit avant tout de marketing… Les 3 ont le réflexe de travailler leur storytelling, la façon dont ils se mettent en valeur, pour briller dans nos yeux. Cela peut prendre la forme d’exagérations, d’emphase sur leurs réussites, et de minimisation des moments difficiles. Mais ils se trompent avant tout eux-mêmes en s’identifiant à l’image qu’ils projettent, et en oubliant qui il sont vraiment, ce qu’ils ressentent au fond d’eux.

À l’opposé de cette « amélioration de la réalité », les personnes de type 3 vont devoir retrouver le contact avec leur authenticité, avec leur identité profonde : qui sont-ils au fond ? Quel sens souhaitent-il donner à leur vie ? Dans quelle direction est-ce qu’ils désirent vraiment agir ? On parle également d’authenticité émotionnelle : arrêter de faire croire que tout va bien, que « moi ça va, et toi ? ». Accepter que des fois, ça ne va pas, et avoir confiance dans le fait que ceux à qui on le partage continuerons de nous aimer et de nous estimer.

Ennéagramme : le type 4

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 4 de l’ennéagramme, j’ai le sentiment que dans ce monde, la vie et les relations sont intensément émouvantes, voire transcendantes. Mais que puisque je n’ai pas ou plus accès à cet état de profonde plénitude, je suis probablement défaillant... Je me sens coupé de ce que la vie pourrait être, en marge du monde, comme s’il manquait quelque chose. Je vais alors chercher à comprendre « ce qui cloche », me mettre en quête du sens de ma vie sur terre et de « qui je suis ».

Au fond, j’ai peur d’être abandonné, d’être invisible à vos yeux. J’ai peur de ne pas être assez singulier pour que vous me portiez attention, pour mériter votre affection, d'être trop excentrique pour être pris en considération. Peur de ne pas trouver ma vraie place en ce monde. Dans l’idéal, je me vois comme quelqu’un d’authentique, qui incarne pleinement sa singularité, son identité profonde, et qui donc, de fait, est unique, inimitable. Et pour maintenir cet idéal, il est vital d’éviter d’être comme tout le monde, d’être ordinaire. Je vais donc cultiver mon identité et ma différence, maîtriser l’art du « pas de côté ». Je vais chercher à devenir une personne idéale, sans déficience, avec une identité propre. Je vais m’inspirer de modèles d’hommes et de femmes, chercher à incarner ce que j’admire chez eux, et intensifier certaines expériences que j’ai vécu. Tout faire pour m’assurer que je suis bien unique, que mon identité se distingue de celles des autres.

Après quelques années de pratique, j’excelle à être en lien profond avec mes émotions comme avec celles des autres. Je suis en lien avec ma vraie nature et avec celles des autres, et je perçois le sens de chaque chose. Je sais qu’il y a une place pour chacun d’entre nous dans ce monde, que nous avons tous une identité propre qui mérite d’être exprimée. Les émotions douloureuses ne me font pas peur, je sais être là pour ceux qui ont besoin d’être soutenus dans les moments difficiles, et j’ai développé une vraie résilience.

Schéma de l’enfance du type 4

Les personnes qui se reconnaissent dans le profil 4 de l’ennéagramme ont souvent eu le sentiment de ne pas être comme leurs parents ou comme leurs frères et sœurs. L’hypothèse d’avoir été secrètement adopté, ou bien qu’ils aient été échangés par erreur à la maternité, leur parait tout à fait envisageable tellement il se sentent « différents », un peu en décalage. Ils ont le sentiment de ne pas avoir été complètement vus, que leurs qualités et leurs talents intrinsèques n’ont pas été vus, voire qu’ils n’ont pas été acceptés. Ils ressentent un décalage entre l’identité qu’ils ont à l’extérieur (ce pour quoi ils ont été aimés, valorisés) et tout ce qu’ils perçoivent à l’intérieur d’eux (il y a autre chose, quelque chose qui n’a pas été vu), et finissent par avoir le sentiment qu’il y a vraiment quelque chose qui cloche avec eux. Ils vont donc rentrer dans une quête identitaire (« qui suis-je au fond ? ») et chercher dans leur environnement la place où ils seront vus, reconnus et accueillis pour qui ils sont vraiment.

La dynamique : entre envie et équanimité

Mon réflexe est de focaliser sur ce qui me manque, et j’aurai besoin d’aller vers plus d’appréciation des qualités de la situation présente.

L’envie est un désir, plus ou moins conscient, pour ce quelque chose que les 4 perçoivent comme « n’étant pas là ». Ce sentiment de manque génère une forme de nostalgie, de mélancolie. Une douce tristesse accompagnée de la rêverie de ce qui a été (« ha, c’était si beau… ») ou de ce qui pourrait être (« ha, mais comme ce serait merveilleux si… »). Les 4 connaissent bien cet état, et le recherchent même parfois, car il est en lui-même une émotion vive et intense. Ils sont finalement plus attachés à cette nostalgie, à ce sentiment d’un manque, qu’à l’objet du manque lui-même.

À l’opposé de cette envie, on trouve l’équanimité : une acceptation de la situation, sans aversion ni avidité. Les 4 s’épanouissent lorsqu’ils se détachent du fantasme du manque, et qu’ils apprécient les qualités de ce qui est ici et maintenant, réellement. Ce faisant, ils pourront également apprécier leurs propres qualités. Ils pourront alors se donner l’autorisation d’être aimés pour ce qu’ils sont, au lieu de chercher à être spéciaux ou originaux pour être acceptés par les autres.

Ennéagramme : le type 5

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 5 de l’ennéagramme, je trouve que le monde extérieur me demande beaucoup trop, qu’il est trop envahissant émotionnellement, trop énergivore. Je vais donc chercher à limiter mes échanges avec ce monde qui me coûte trop. Je vais réduire mes besoins et mes interactions, et privilégier un contact avec mon environnement par le biais de l’intellect, protégeant ainsi l’accès à mon intimité et à ma sensibilité.

Au fond, j’ai peur d’être submergé, envahi par mon environnement, qu’il aspire jusqu’à la dernière goutte de mon énergie vitale. Dans l’idéal je me vois comme quelqu’un d’indépendant, pragmatique, et auto-suffisant. Je maîtrise mon espace, je l’organise moi-même afin de ne pas perdre de temps, je régule le quoi et le qui y rentre afin de ne pas perdre d’énergie. Et pour maintenir cet idéal d’autosuffisance, il est vital de ne pas trop dépendre des autres, de réguler le niveau de lien affectif que j’entretiens avec les autres. Je vais donc chercher à installer une distance émotionnelle avec mon environnement, à isoler ma sensibilité intérieure des intrusions du monde extérieur. Cet isolement peut prendre la forme d’un retrait dans le mental (« je vous parle avec ma tête, mais ni mon cœur ni mon corps ne sont engagés dans la conversation ou dans l’action »), et il peut aller jusqu’à l’isolement physique (« dans la maison, j’ai ma pièce à moi, et j’aime m’y calfeutrer pour me ressourcer »). Certains arrivent tellement à isoler leur cœur qu’ils diront ne pas avoir d’émotion. D’autres ont plutôt la sensation d’être un cœur à vif qu’ils protègent de leur mieux, mais sont profondément impactés émotionnellement. Ils font alors tout pour contenir ce maelstrom à l’intérieur, pour le gérer par eux-mêmes, sans une nouvelle interaction avec l’extérieur qui risquerait d’augmenter encore la charge émotionnelle.

Après quelques années de pratique, j’excelle à analyser le monde, à comprendre précisément comment les choses fonctionnent. Pour les autres, je suis un puits de connaissances. Je suis un visionnaire, capable de digérer un amas d’informations et d’en extraire les schémas cachés, les principes sous-jacents, puis d’en faire une restitution claire et détaillée.

Schéma de l’enfance du type 5

On observe deux schémas familiaux récurrents chez les enfants 5. Le plus commun est celui de la famille trop envahissante sur le plan psychologique. Cela peut-être des parents que les enfants ont perçu comme trop présents, trop insistants, ou bien une famille avec de nombreux frères et sœurs dans un espace réduit. Le second schéma est celui de la famille absente, distante. Les enfants 5 se sont alors sentis tellement abandonnés qu’ils se sont résignés, mais ont appris à se détacher de leurs sentiments pour survivre. Et, la vie étant ce qu’elle est, parfois un peu des deux.

Dans les deux cas, ils ne se sont pas sentis en sécurité. Ils n’ont pas trouvé d’espace libre pour pouvoir exprimer toute leur sensibilité sans danger. Ils ont pu ressentir une forme de pression, des attentes quant à ce qu’ils pouvaient vivre ou ressentir, ou bien ils se sont sentis trop vus, trop mis à nu, trop fragiles. Ou bien il n’y avait personne pour les accueillir. Face à cette insécurité émotionnelle, ils ont dû se trouver un refuge : leur imaginaire, les livres, la cabane dans un coin du jardin… Un espace à eux, dans lequel ils peuvent « être ». Que leur environnement ait été envahissant ou absent, ils ont fini par se débrouiller seuls pour répondre à leurs besoins personnels et émotionnels.

La dynamique : entre avarice et détachement

Mon réflexe est de protéger mon temps et mon énergie, et je gagnerai à aller vers plus de détachement.

J’ai peur de ne pas avoir assez de temps à ma disposition, peur que le monde extérieur vienne dévorer mes émotions et mon énergie vitale, alors je vais en devenir « avare ». Je vais chercher à les économiser, à ne pas les distribuer « pour rien ». Je vais considérer les besoins et attentes des autres envers moi comme pesantes, parce qu’au fond j’ai peur qu’ils épuisent mes réserves que j’estime limitées.

S’ils arrivent à lâcher prise sur cette peur qui les rends « économes d’eux-mêmes », ils peuvent trouver une forme de détachement, un « non-attachement » à leur énergie vitale. Les 5 ont souvent très peu de besoins : « si je n’ai besoin de rien, je ne dépends de rien ». Leurs besoins ainsi étouffés, ils peuvent limiter leurs échanges avec le monde extérieur. Mais il faut distinguer l’autosuffisance induite par l’avarice (« pour maintenir une certaine distance, je peux me passer de… ») d’un généreux détachement (capacité à donner de son énergie librement, sans retenue).

Ennéagramme : le type 6

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 6 de l’ennéagramme, je crois que le monde n’est pas fiable, qu’il est imprévisible et qu’il peut dégénérer à tout moment. Je vais alors développer ma vigilance et mon imagination pour anticiper ce qu’il pourrait arriver de dangereux, me préparer à toutes les éventualités, et ainsi être en sécurité.

Au fond, la question centrale qui m’habite c’est « est-ce que je peux te faire confiance ? ». Je cherche des repères pour être en sécurité, et je vais m’appuyer sur les personnes qui m’entourent. Ma plus grande peur, c’est que celles et ceux en qui j’ai placé ma confiance me trahissent, et se révèlent être illégitimes, voire dangereux. Dans l’idéal je me vois comme quelqu’un de loyal, qui entretient des relations de confiance avec les autres. Et pour maintenir cet idéal, il est vital d’être sûr des gens qui m’entourent. Je vais donc chercher les signes qui viennent confirmer que « ces personnes sont fiables » afin de renforcer mon sentiment de sécurité et de justifier ma loyauté. Je vais aussi chercher les signes qui me prouvent que les autres personnes ne sont pas fiables afin de justifier mes doutes et mes suppositions à leur égard. Et parfois, je n’arriverai plus à faire la différence entre mes projections, qu’elles soient positives ou négatives, et la réalité.

Après quelques années de pratique, j’excelle à être naturellement conscient de mon environnement. Je n’ai plus besoin de réfléchir, j’observe et je sais, je suis sûr. Je suis capable de déceler rapidement les incohérences et les non-dits, de les questionner pour clarifier la situation, et ainsi recréer un climat de confiance au sein du groupe.

Schéma de l’enfance du type 6

Ce sont des enfants qui ont perdu confiance en l’autorité. Ils ont eu l’impression que ceux qui étaient là pour les protéger et fixer un cadre sûr étaient instables, imprévisibles, voire dangereux. Par exemples des adultes stressés dont le comportement à la maison change profondément en fonction de ce qu’il s’est passé dans la journée, voire des adultes alcooliques au comportement erratique, voire violent, en fonction de leur sobriété. Les enfants se sont sentis agressés sans raison, pris au piège et impuissants. À la merci du danger, ils vont guetter les signes leur permettant d’anticiper les comportements, de savoir si ce soir, l’autorité est bien disposée ou non, s’ils peuvent avoir confiance ou s’ils sont en danger.

La dynamique : entre le doute et le courage

Mon réflexe est d’aller vers plus de remise en question de tout, et j’aurai besoin d’aller vers plus de courage : de foi en l'avenir malgré l’incertitude.

À trop vouloir rechercher la sécurité, les personnes qui se reconnaissent dans le profil 6 vont avoir tendance à douter de tout. Préoccupés par ce qui pourrait mal tourner, ils vont finir par amplifier les signes qui annoncent un danger potentiel ou une trahison. L’esprit bourdonne sans cesse, remet en question, observe, analyse, suppose, etc. Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Pourquoi est-ce qu’il agit ainsi ? Qu’elle est l’intention, la raison cachée ?

À l’opposé de ce doute permanent, les 6 peuvent développer le courage. Ils peuvent arrêter de chercher la sécurité à l’extérieur, et trouver plus de soutien à l’intérieur. En développant leur confiance en eux, ils vont pouvoir avancer en trouvant leur sécurité à l’intérieur, quelles que soient les incertitudes extérieures. Agir en ayant foi en leurs ressentis, sans avoir besoin de preuves, sans démarrer le moulin mental à la recherche de signes et de confirmations.

Ennéagramme : le type 7

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 7 de l’ennéagramme, je crois que ce monde est plein de souffrance, que c’est trop pour moi, et que si jamais elle me traversait, je n’y survivrai pas. Je vais donc être inventif pour toujours trouver une solution pour me distraire, m’évader et m’amuser, et ainsi me soustraire à mon anxiété intérieure.

Au fond j’ai peur que la souffrance et la peur envahissent mon monde, et que l’innocence et la joie disparaissent. J’ai peur de rester coincé là-dedans, sans porte de sortie, obligé de faire face à cette douleur qui me terrorise. Dans l’idéal je me vois comme quelqu’un de joyeux, pour qui tout va bien, qui vit la vie du bon côté. Et pour maintenir cet idéal, il est vital de maintenir la souffrance à distance. Je vais donc rationaliser ce qui m’arrive : expliquer ce qu’il se passe avec ma tête plutôt que de le ressentir avec mon cœur. Et au passage, je vais trouver une justification aux choses pour les rendre plus digestes, plus acceptables. Je vais utiliser mon intellect pour repeindre la situation et la rendre plus joyeuse et plus légère qu’elle ne l’est en réalité.

Après quelques années de pratique, j’excelle à déceler le positif et les opportunités dans chaque situation, capable de réinjecter une dose de joie de vivre dans les heures sombres. Je suis capable d’une grande créativité intellectuelle, notamment pour imaginer de nouveaux possibles et de nouveaux projets.

Schéma de l’enfance du type 7

Quand les personnes qui se reconnaissent dans le profil 7 de l’ennéagramme racontent leur enfance, le tableau est en général assez lumineux : une enfance heureuse, des amis, une famille avec plein de bons côtés, etc. Ils ont facilement tendance à tordre la réalité, à repeindre le tableau pour le rendre plus coloré, plus pétillant. La famille avait certes ses bons côtés, mais il y avait aussi des aspects douloureux qui ont été occultés (solitude ou violence par exemple). Il y avait de bons copains, mais il y avait aussi de la moquerie ou du harcèlement. L’attention sélective des 7 va trier les pigments qu’elle souhaite retenir pour ne retenir que le positif, et repousser la souffrance.

Ce sont des enfants qui ont été confronté à la peur ou à la douleur, morale ou physique, et qui ont ressenti l’urgence vitale de s’en éloigner.

La dynamique : entre gloutonnerie et sobriété

Mon réflexe est d’aller vers plus, toujours plus de plaisir et d’excitation, et j’aurai besoin d’aller vers plus de tempérance et de sobriété.

La stratégie 7 pour fuir la souffrance consiste à la remplacer par une multitude de plaisirs : « Si je maintiens un niveau d’extase continue, je ne ressentirai jamais la souffrance et l’anxiété que j’ai au fond de moi ». Ils deviennent donc gourmands d’expériences nouvelles, de cette excitation des débuts, de découvertes, de sensations, ... Bref, de tout ce qui pourra maintenir un niveau de dopamine élevé et tenir la mort et la douleur en échec. Le secret, c’est d’abandonner chaque activité dès qu’elle devient ennuyeuse ou routinière.

A l’opposé de ce besoin de plaisir continu, les 7 vont apprendre à faire preuve de sobriété. Less is more, réduire la quantité de plaisirs pour en augmenter l’intensité. Profiter pleinement des choses simples en les vivant autant avec la tête qu’avec le cœur. Etre pleinement vivant, accepter la vie dans son entièreté, sans filtrer les expériences négatives, mais au contraire en acceptant que la souffrance fait partie de la vie. Que vivre intensément, c’est aussi souffrir parfois.

Ennéagramme : le type 8

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 8 de l’ennéagramme, j’ai la sensation que ce monde est une jungle impitoyable et injuste, où les plus puissants abusent des plus faibles sans sourciller. Je vais alors tout faire pour être fort, invincible, afin d’imposer ma loi, de protéger ceux qui le méritent, et de rétablir la justice.

Au fond, j’ai peur de ma vulnérabilité dans ce monde qui ne respecte que la puissance, j’ai peur que mes fragilités donnent l’opportunité aux autres de prendre le pouvoir sur moi, me privant ainsi de mon autonomie. Dans l’idéal, je me vois comme quelqu’un de fort, de solide, résistant, sur qui les autres peuvent s’appuyer pour être soutenus ou protégés. Et pour maintenir cet idéal, il est vital de n’avoir aucune faiblesse et d’être en contrôle de la situation. Je vais donc faire le déni de ma douleur physique (continuer à forcer sur mon corps blessé alors que la plupart des gens se seraient arrêtés), le déni de ma douleur émotionnelle (faire taire la douleur en la noyant dans l’action, repartir tout de suite) et le déni de mes contradictions (sur le moment, j’envisage rarement l’éventualité de me tromper…).Je pourrais avoir du mal à demander pardon, à présenter des excuses (puisque je ne me suis pas trompé…), et surtout, à montrer de la tendresse et à dévoiler mes émotions.

Après quelques années de pratique, j’excelle à agir avec puissance et impact, à prendre sur moi les dangers pour protéger les autres, et à défendre la justice et la vérité. J’ai en moi une intense vitalité, une force de vie qui veut exister très fort, là, maintenant, et qui ne s’en prive pas.

Schéma de l’enfance du type 8

Les personnes qui se reconnaissent dans le profil 8 racontent souvent qu’elles ont été injustement rejetées ou trahies par un adulte important à leurs yeux. Cela peut être un abandon, un décès, des abus sexuels ou physiques, ou même plus simplement un déménagement forcé et mal vécu. Dans chaque cas, il y a quelque chose d’injuste qui se passe, et l’enfant, dans toute son innocence, ne peux rien y faire. Et ils ressentent à quel point le rapport de force est déséquilibré, et décident qu’on ne les y reprendra plus. Ils vont devenir adultes avant l’heure, pour élever le reste de la famille, pour survivre à ce pays en guerre, pour être fort au milieu des forts, etc. Et plus ils se sont sentis traités injustement, plus ils ont endurci leur cœur. À ce moment-là, ils vont s’interdire à tout jamais d’être à nouveau vulnérables, et seront, à chaque instant, prêts à affronter le combat de la vie.

La dynamique : entre excès d’impulsivité et innocence

Mon réflexe est d’aller vers plus d’impulsivité, et j’aurai besoin d’aller vers plus d’innocence.

Il y a un réel besoin d’évacuer toute cette rage, cette intense énergie du corps qui les pousse sans cesse à agir pour rétablir la justice et la vérité. Plus ils impactent le monde, plus ils ont la sensation de reprendre le contrôle de la situation, de la rendre plus équitable. Le 8 glisse très facilement et malgré lui dans « l’agir sur ». Le délai entre l’impulsion et la mise en action est toujours très bref : l’idée n’est pas encore complètement claire que le corps est déjà en mouvement, souvent à l’excès. Trop fort, trop vite.

À l’opposé de cette vitalité sauvage, les personnes de type 8 vont devoir retrouver le lien avec leur innocence et leur tendresse. L’innocent aborde une situation sans attente, ouvert à ce qui va advenir, et s’y ajuste naturellement. Dans leur impulsivité, les 8 ne s’ajustent pas, ils prennent le contrôle. Il s’agit ici de retrouver le lien avec cet enfant libre, en lien naturel avec ses émotions, qui prend la vie comme elle vient en acceptant sa vulnérabilité, en lâchant prise sur le contrôle total du cours des évènements. Passer de « let’s go » à « let it go ». Accepter qu’ils ont de la valeur même lorsqu’ils n’ont pas d’impact tangible sur la situation. Ils seront alors vibrants de sensibilité, plus doux dans leur contact avec les autres, et mieux capables de nuances, d’accepter que leur vérité n’est qu’une parmi d’autres.

Ennéagramme : le type 9

Si je suis une personne dont la personnalité se rapproche du type 9 de l’ennéagramme, j’ai la sensation que ce monde pourrait se déchirer un peu tout le temps, et que pour préserver la paix et l’harmonie, je vais devoir m’oublier et être conciliant. Je vais alors tout faire pour disparaître, me fondre dans le groupe et m’aligner sur mon entourage, et surtout, mettre en sourdine mes besoins et envies personnelles.

Au fond, j’ai peur que « l’unité du monde se disloque », que les conflits, les oppositions et les colères anéantissent cette sensation de paix et de symbiose qui m’est chère. Dans l’idéal, je me vois comme quelqu’un qui vit en paix, dans une harmonie bienheureuse où tout le monde se sent bien. Et pour maintenir cet idéal, il est vital d’éviter le conflit. Je vais donc « m’endormir à moi-même » afin de ne jamais me retrouver en opposition. Une forme d’auto-narcotisation qui me permet d’oublier que j’ai des besoins (qui pourraient aller à l’encontre de mon environnement), que je ne suis peut-être pas d’accord avec l’autre, etc. Je peux m’endormir avec la télévision, la nourriture, l’alcool, et même avec des activités très dynamiques, pourvue qu’elles soient habituelles et routinières.

Après quelques années de pratique, j’excelle à écouter les points de vue des autres et à les accompagner à discuter ensemble malgré leurs différends, à accueillir toutes les opinions sans les juger, à écouter avec patience. J’ai conscience que nous faisons tous partie d’un grand tout, de la même humanité, et je ressens dans mon corps le degré d’harmonie dans lequel nous sommes… ou pas.

Schéma de l’enfance du type 9

Enfants, les 9 ont pu se sentir négligés, éclipsés par leurs frères et sœurs, par le travail de leurs parents, etc. Bref, ils ont compris que leurs besoins et leur point de vue ne seraient pas écoutés, qu’il n’y avait pas assez de place pour eux.

Ils se sont souvent sentis tiraillés entre deux factions opposées : papa contre maman, enfants contre parents, etc. Prendre parti revient à se faire condamner par l’une ou l’autre faction : « Si je faisais ce que mes parents approuvaient, mes trois frangins me tombaient aussitôt dessus. Et si je les suivais eux, je ne récoltais que du mépris de la part de mes parents. Du coup, j’ai tout fait pour que l’on m’oublie, pour me mettre à l’écart ». Les 9 choisissent donc de se retirer du jeu : pour être en conflit il faut être deux, si je me retire, on aura la paix. Ils vont donc se résigner et se mettre en sourdine, s’endormir et ne rien dire.

La dynamique : entre paresse et action juste

Mon réflexe est d’aller vers la paresse, et j’aurai besoin d’aller vers plus d’action juste.

Quand on parle de paresse ici, il ne s’agit absolument pas de fainéantise. Le profil 9 peut être enthousiaste, relativement dynamique et faire beaucoup d’efforts… surtout quand c’est pour les autres ou le bien commun. Non, ici, il s’agit d’une paresse à prendre sa place, à monter au créneau, à assumer une position contraire.

À l’opposé de la paresse, les personnes de type 9 vont devoir retrouver le goût de l’action juste. Sortir de l’indolence, ne pas se laisser emporter par la paresse et l’inertie, et garder le cap pour agir là où c’est important. Avoir la paix ce n’est pas : « se retirer de la guerre » - peacekeeper, mais c’est : « aller construire la paix ensemble » - peacemaker. C’est assumer sa place, son existence et son opinion, pour pouvoir impacter le monde là où c’est nécessaire.

Ennéagramme : quels tests de personnalité fiables et gratuits ?

Puisque qu’un des objectifs de l’Ennéagramme est de mieux se connaître, autant commencer tout de suite ! Il est complètement naturel d’être curieux et d’avoir envie d’en apprendre plus sur soi. Alors, quel est votre profil ennéagramme, comment le trouver rapidement afin d’en apprendre plus sur vous-même ? Il existe plusieurs tests Ennéagramme en ligne gratuits, et vous en trouverez aussi quelques-uns payants. Autant le dire tout suite, de mon point de vue, c’est inutile, voire contre-productif. L’intention est juste et louable : en apprendre plus sur soi. La dérive réside dans le « rapidement » ; je crois que la qualité des apprentissages est proportionnelle au temps qu’on leur consacre…

De la qualité des questions…

Déjà, il faudrait un test Ennéagramme de qualité (seulement 40% des tests que j’ai réalisé me donnent le bon profil). Or, la popularité croissante de ce système incite forcément à la dérive, à la publication rapide. Il existe néanmoins quelques tests sérieux qui méritent l’attention. Dans cette catégorie, le meilleur exemple est sans doute le questionnaire HPEI (Halin Prémont Enneagram Indicator), développé par Philippe Halin et Jacques Prémont. Après sept années de travail, le test a été validé par l’école de management de Louvain-la-neuve en Belgique. Le monde du management n’étant pas celui de la psychologie, cette validation a tout de même ses limites.

… à la qualité des réponses

Admettons que vous ayez trouvé un questionnaire de bonne qualité. Selon toute vraissemblance malgré tout, c'est un QCM : cela reste ce qu’il y a de plus pratique pour traiter les résultats rapidement... Quelle sera la qualité de votre réponse ? Combien de temps prendrez-vous pour répondre à chacune des questions ? Et à la soixantième ? En moyenne, je doute que vous atteignez les dix secondes par question. Et je ne crois pas que l’on puisse prétendre à une observation profonde et sincère de soi-même en moins de dix secondes. Même si le test est de qualité, vos réponses seront, selon toute vraisemblance, superficielles.

Le test Ennéagramme comme instrument de la fainéantise

Le concept même de « test de personnalité », ennéagramme ou autre, me pose également une question de posture, de souveraineté. Cela signifie que l’on s’en remet à autrui (en l’occurrence, une analyse statistique de vos réponses) pour nous dire comment nous fonctionnons au plus profond de nous… alors qu’il nous ‘suffit’ de regarder par nous-même ! Si nous nous déresponsabilisons dès l’étape de l’observation, nous ne sommes pas prêts de prendre la responsabilité de nos émotions et de nos réactions, et encore moins des éventuels changements que l’on souhaiterait voir arriver.

Enfin, de mon point de vue, l’intérêt réside plus dans la question que dans la réponse… Le chemin plus que le résultat. Notre personnalité est unique, et il est bien plus intéressant de muscler sa capacité à observer ses propres réactions, à se prendre sur le fait puis à décrypter tout ça par soi-même, que de s’en remettre à trois pages distribuées de façon identique à plus de 10% de la population.

À mon sens, le meilleur test Ennéagramme, vous le passez tous les jours : vivre. Seulement, souvent nous ne regardons pas les réponses que nous donnons…

La photo d'un stage Ennéagramme en Juin 2023 avec Entreprise Vivante

Mais alors, comment trouver son profil Ennéagramme ?

Par l’observation de vos propres comportement récurrents, de ce que vous ressentez dans ces moment-là, et de vos motivations profondes à faire ce que vous faites. Pas ce que votre tête vous dit pour trouver une raison rationnelle, une excuse logique et acceptable à votre comportement. Mais pourquoi l’animal en vous a-t-il besoin, viscéralement, de réagir ainsi ?

Miroir, mon beau miroir : quel est mon type Ennéagramme ?

Les 9 types de l’Ennéagramme forment une cartographie de la personnalité humaine. En participant à des formations, en échangeant avec d’autres, en lisant, vous allez mieux saisir les contours et le fonctionnement de ces 9 continents. C’est la carte, et elle n’est rien sans le territoire : vous-même. Elle est simplement là pour vous interroger, vous inviter à la suivre pour aller explorer de nouvelles parties de vous. Quel est votre rapport à l’injustice ? Vous n’aimez pas ça, et ça a plutôt tendance à vous mettre en colère. D’accord, comme 99% des gens. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’une injustice pour vous ? Qu’est-ce que ça provoque comme réaction chez vous ? Au niveau émotionnel ? Au niveau sensoriel ? Et qu’est-ce que vous faites alors ? Pourquoi ? Il va falloir apprendre à « aller vous voir faire », à vous regarder, comme dans un miroir, réagir à votre environnement.

C’est donc en observant ce qu’il se passe à l’intérieur de vous au quotidien (vos sensations et vos émotions, le pourquoi de vos actes), que vous allez pouvoir déterminer, par vous-même, votre profil Ennéagramme. In fine, vous êtes la personne la plus à même de percevoir ce qu’il se passe en vous.

Prendre son temps…

Cette observation en profondeur prend du temps… Parce que mes mécanismes se déclenchent avec un tel naturel que je ne les vois même plus. Parce qu’une part de moi, celle qui a mis ces protections en place, a peur de ce qu’il pourrait se passer si je les débranchais. Parce que pour mon estime de moi-même, il y a des choses que je préfère ne pas voir. Parce que l’éducation que j’ai reçue m’a imposé d’être quelqu’un d’autre. Et bien d’autres choses encore…

Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre.
Blaise Pascal

Je suis absolument certain que personne ne prend le temps d’une telle introspection lors d’un test ennéagramme, surtout à la soixantième question. Rares sont ceux qui y arriveront en lisant un livre. Ils exploreront de leur mieux, le temps de la lecture, puis passeront à autre chose. Même en formation, malgré tous les exercices que l’on propose, on a toujours le sentiment de ne pas pouvoir aller assez loin. Au final, L’Ennéagramme et les formations ne sont qu’un support ; le vrai travail, c’est à vous de le faire.

La formation à l’ennéagramme : la tradition orale

La plupart des formations Ennéagramme (celles que l’on estime qualitatives en tous cas) vous placent dans une situation active. Au-delà de la question pédagogique, c’est la philosophie même de ce système : l’Ennéagramme est une pratique autant qu’une théorie. Vous n’êtes pas là pour écouter passivement, mais pour incarner pleinement ce travail d’introspection individuel et collectif.

À l’origine, l’ennéagramme est un outil de tradition orale (« narrative tradition » en anglais, Helen et David ont ensuite créé l’école « The Narrative Enneagram ») : c’est en échangeant avec d’autres que je vais prendre conscience de ce qui est spécifique à ma propre personnalité. Le formateur n’est pas seulement là pour faire passer des connaissances, mais aussi pour vous mettre en situation et faciliter les échanges entre vous. Le cœur de la tradition orale de l’Ennéagramme c’est « J’ai observé ça chez moi, et chez toi qu’est-ce que tu vois ? ».

À travers ces discussions, nous allons nous étalonner les uns par rapport aux autres : « je pensais être très perfectionniste, mais finalement en discutant avec vous deux, je me rends compte que pas à ce point ! En fait, c’est juste que j’aime bien que les choses soient faites à ma façon. En revanche moi qui croyais ne jamais me mettre en colère, il se pourrait que, peut-être, il m’arrive parfois, mais alors vraiment pas souvent, d’être un peu impulsif… »

En creusant en profondeur dans ce qu’il se passe chez chacun d’entre nous, on va pouvoir se rendre compte de la diversité des réactions face à un même évènement. Chacun de nous perçoit le monde au travers de ses propres filtres et en déduit une vérité différente. La façon dont cette même situation est vécue, nos émotions, nos sensations et nos pensées, seront différentes pour chacun d’entre nous. Selon nos croyances, selon nos besoins sur le moment, la façon dont nous gérons tous ces ressentis internes, notre réaction comportementale sera également différente. Nous avons tous remarqué que tout le monde ne fonctionne pas comme nous, mais nous ne savons pas à quel point… Et dans cette infinité de façons d’interagir avec le monde, on va pouvoir distinguer neuf grandes familles, neufs façons de voir le monde et d’être en lien avec lui, les neufs types de personnalité de l’Ennéagramme.

Rien de tout ça ne se passe à la lecture d’un livre. Et pourtant, qu’est-ce que j’aime lire ! Mais l’Ennéagramme est quelque chose qui se vit et qui se partage, c’est comme cela qu’il a été construit, et comme cela qu’il délivre son plein potentiel.

Ennéagramme : formation en ligne à distance ? Ou bien en présentiel ?

Ça, c’est à vous de voir. Il me semble plus important de s’assurer du parcours de la ou des personnes en charge de la formation (par qui ont-elles été formées ? Ont-elles fait plusieurs écoles ? Depuis combien de temps ?) et de la pédagogie en lien avec la tradition orale.

Après, il faut aussi être réaliste : ce n’est pas la même chose. Chez Entreprise Vivante, nous avons fait le choix de conserver 100% de nos formations en présentiel. Nous sommes convaincus qu’en mettant des êtres humains physiquement dans une même pièce, la qualité de ce qui est vécu, expérimenté, et donc appris, est bien meilleure. Dans le cas de l’Ennéagramme, la tradition orale est quelque chose de vivant, où je m’incarne dans mon JE et rentre en relation avec les autres. Tout cela mobilise nos trois centres d’intelligences : la tête, le cœur et le corps. Si la tête n’a pas trop de problèmes avec la visioconférence, nous sommes toujours plus limités pour rentrer en lien les uns avec les autres, et quant à l’intelligence du corps, elle est complètement absente. Alors on peut « faire au mieux » avec le distanciel, et j’ai moi-même vécu des moments touchants lors de formations en ligne, mais ça n’égalera jamais, à mon sens, la puissance de ce qui peut être vécu et partagé en présentiel.

Donc je ne dis pas que vous ne trouverez pas ça bien, je dis que vous passerez à côté de ce qui me semble essentiel : aller à la rencontre de ce qu'il y a de plus vivant dans chacun d'entre nous. Cela dit, si c’est le seul moyen de caler ça dans votre emploi du temps à ce jour, il faut bien commencer quelque part ! Lancez-vous !

Nos formations Ennéagramme à Strasbourg et en Alsace

L’Ennéagramme est le système d’étude de la personnalité le plus riche que nous ayons trouvé. Tout en étant relativement facile d’accès, sa profondeur et sa complexité font honneur à la diversité de la nature humaine.

Fidèles à l’ensemble de notre philosophie, nos formations Ennéagramme sont construites comme une expérience à vivre. Il s’agit non seulement de vous transmettre les 9 types de personnalités et le fonctionnement de l’Ennéagramme dans son ensemble, mais également de vous rendre actif, de vous placer au cœur du processus d’apprentissage. Cet outil est capable de générer de profondes transformations individuelles et collectives, et notre rôle est de proposer un cadre dans lequel chacun se sente libre d’explorer sa personnalité en profondeur… ou pas ! Il nous semble essentiel de permettre les plus grandes transformations en veillant à la sécurité de chacun, tout en respectant les limites des uns et des autres. Encore une fois, nous ne faisons que mettre un cadre et apporter de la matière au centre, le travail, c’est à chacun de le faire !

Concrètement, nous nous appuyons sur des exercices d’observations individuels, des vidéos de personnes de chaque profil, des activités ludiques en pédagogie inversée (les exercices d’abords, la théorie ensuite), et de nombreux échanges entre les participants en tradition orale. Toute la formation est construite de façon à faire cheminer chacun en douceur. D’une part dans l’observation de notre personnalité : nos traits de caractères, nos mécanismes personnels et nos motivations profondes ; et d’autre part dans la découverte de la richesse du fonctionnement des autres structures de caractère.

La photo d'une formations Ennéagramme en tradition orale ²

Adrien DELAUNAY, Formateur Ennéagramme certifié

J’ai été formé à l’Ennéagramme d’abord par Agnès Nauleau en 2015, puis avec Éric Salmon (CEE - Centre d’études de l’Ennéagramme, Paris) dont nous sommes aujourd’hui partenaires pédagogiques, et enfin via EPP (Enneagram Prison Project, Californie). Trois écoles d’Ennéagramme avec leurs spécificités, mais toutes dans le respect de la tradition orale et des principes éthiques posés par David Daniels et Helen Palmer.

Je forme à l’Ennéagramme depuis 2019 et suis aujourd’hui certifié par le CEE (Centre d'Études de l'Ennéagramme), par EPP (Enneagram Prison Project) et par l’IEA (Internationnal Enneagram Association). Cette dernière certification témoigne de mes qualités de formateur et des principes éthiques que je respecte (…et fais respecter, gare à vous !). J’interviens le plus souvent en entreprise (auprès de dirigeant·es et managers, de séminaires en équipe) et plus récemment dans le milieu carcéral, auprès des détenus et du personnel pénitentiaire.

Nous proposons également des formations Ennéagramme ouvertes à tous, où se mêlent professionnels et particuliers, jeunes et… disons moins jeunes... J’affectionne particulièrement ces stages qui accueillent toute la diversité de l’humanité et mettent en valeur que, quelques soient nos origines, nos âges, nos moyens, nos responsabilités, etc., nous sommes tous égaux face aux méandres de notre personnalité ! Nous avons tous des peurs, des résistances, une version idéalisée de nous-même qui côtoie nos hontes, nous avons tous nos particularités et nos talents... et c’est bien ce que l’Ennéagramme nous propose de découvrir !

Adrien Delaunay, Formateur Ennéagramme à Strasbourg

La place de la formation Ennéagramme en entreprise

Comment mettre l’Ennéagramme au service de nos organisations ? Comment l’utiliser en entreprise ? Nous sentons bien que « mieux se connaître et mieux comprendre les autres » apporterait quelque chose à nos organisations. Mais quoi exactement ?

Ce « putain de facteur humain »

Avant la création d’Entreprise Vivante, j’ai passé beaucoup de temps dans des projets associatifs bénévoles. Ces collectifs humains avaient l’ambition de fonctionner en « gouvernance partagée », sans chef ni leader, juste un grand élan collectif. De plus en plus d’initiatives de ce type voyaient déjà le jour à l’époque, même si la plupart d’entre elles s’effondraient au bout de deux ou trois ans. Parmi les causes de ces échecs, le monde associatif avait nommé, non sans humour, le PFH : ce Putain de Facteur Humain ! Cette expression, Québécoise à l’origine, remet au centre de l’attention un fait semble-t-il oublié... Pour qu’une organisation fonctionne, les hommes et les femmes qui la font vivre : ça compte ! Combien de projets se sont effondrés pour des questions d’ego, de peurs, d’incapacité à se comprendre, à se parler posément, etc.

Au niveau individuel comme collectif, en associatif comme en entreprise, pratiquer l’Ennéagramme : c’est prendre soin de son PFH. C’est le mettre en lumière et agir sur lui, plutôt que de le laisser, lui, agir dans l’ombre.

L’Ennéagramme pour développer l’intelligence relationnelle des managers ?

Commençons par essayer d’en donner une définition : qu’appelle-t-on « intelligence relationnelle » ? Je dirai que c’est la capacité à comprendre et ressentir ce qui se joue dans une relation, et à adapter son comportement en conséquence. Cela mobilise notre capacité d’écoute, d’empathie, notre intelligence émotionnelle, etc. Mais aussi notre connaissance de nous-même, car dans une relation, nous sommes au moins deux !

Donc avant de m’adapter à l’autre, est-ce que je suis déjà au clair avec moi-même, avec mes besoins et mes réelles motivations ? Quoi qu’on veuille se faire croire, pas si souvent que ça… Le travail individuel avec l’Ennéagramme permet déjà de travailler sur 50% de la relation : soi ! Ça tombe bien, c’est la moitié dont je suis responsable, et celle sur laquelle je peux avoir le plus d’impact. Et rien que ça, rien qu’en se positionnant autrement dans une relation, de façon plus juste, ça suffit bien souvent à désamorcer les conflits et à sortir des jeux de pouvoir.

L’Ennéagramme nous apporte ensuite la compréhension de la personnalité de son interlocuteur. Les nombreux exercices et échanges qui ont eu lieu lors de la formation nous ont permis de ressentir ce que vivent les autres dans la situation présente, de faire preuve de compassion à leur égard (à ne pas confondre avec la complaisance). Autant d’expériences vécues qui me permettent de mieux me positionner face aux autres, notamment dans les situations de crises ou les relations conflictuelles, où tous nos travers ressortent.

Alors oui, l’Ennéagramme a complètement sa place dans une formation professionnelle de manager. Il ne s’agit pas d’apprendre « quels mots il faut dire à qui », mais de développer son intelligence émotionnelle et sa compréhension cognitive de ce que vit son interlocuteur, afin de de pouvoir créer et faire vivre une relation de qualité. Les mots, eux, viennent ensuite tout naturellement.

Panels Ennéagramme chez Entreprise Vivante en tradition orale

Et la cohésion d’équipe avec l’Ennéagramme ?

Déjà, il faut se mettre d’accord sur ce que l’on appelle « cohésion d’équipe ». Pour moi, il y a trois degrés, trois niveaux pour travailler la cohésion :

  • Vivre des aventures ensemble (rafting, course d’orientation, etc) : on passe un bon moment (la plupart du temps), l’activité est un peu challengeante, ce qui nous oblige à faire preuve de solidarité et de soutien
  • Vivre des aventures ensemble et les débriefer ensemble (coaching collectif, équi-coaching, etc.) : on ne le dira jamais assez, l’intérêt n’est pas dans l’exercice mais dans le bilan qu’on en tire. Imaginez qu’à l’école, les enfants fassent des exercices et qu’il n’y ait jamais de correction… Comment apprendre ? Cela dit, un coach n’est pas un professeur (mais un professeur pourrait prendre une posture coach, mais je dérive…). Son rôle sera alors d’accompagner l’équipe à mettre des mots sur ce qu’elle vient de vivre. Cela permet de premières prises de conscience, de premiers apprentissages, et souvent beaucoup de rires. Ensuite, il s’agira de faire des parallèles avec ce qu’il se passe tous les jours au bureau, et à trouver de nouveaux comportements et modes de communication à mettre en place.
  • Apprendre à se connaître en profondeur, sans jugement (et c’est là que l’Ennéagramme intervient) : être capable de reconnaître mes travers avec humilité, et d’accepter ceux des autres avec compassion. Être capable de partager mes difficultés en confiance. Partager un vocabulaire commun qui nous permette de parler en profondeur, en toute authenticité, de ce qu’il se passe entre nous. Même, et surtout, si c’est difficile. L’Ennéagramme permet alors de mieux parler de soi, de ses besoins, de ses motivations et de ses mécanismes, tout en apportant plus de compassion et d’acceptation vis-à-vis des comportements réactifs des autres. Au final, on remplace l’agacement par l’humour, l’incompréhension par la complicité, et les conflits par l’entraide. Et pour tout cela, nul besoin d’être des « copains », juste des êtres humains matures.

Bibliographie : les 3 meilleurs livres sur l’ennéagramme pour commencer

Bien qu’il me semble beaucoup plus intéressant de démarrer la formation sans avoir jamais rien lu, approfondir avec les livres me semble indispensable ! Voici une sélection complètement subjective des premiers livres que je conseille à la sortie du premier weekend de formation.

  • Helen PALMER, Le guide de l’Ennéagramme (1991) - De mon point de vue, c’est LA référence. Plus de 25 pages sur chacun des 9 profils de personnalités : on y voit les schémas de l’enfance, les traits de caractères, la relation à l’autorité, la vie affective, les formes d’intuition, etc… La légitimité d’Helen Palmer n’est plus à faire et elle livre ici un condensé d’Ennéagramme qui permet d’ancrer de bonnes bases avant d’aller explorer d’autres ouvrages.
  • David DANIELS & Suzanne DION, Ennéagramme, relations humaines et vie de couple (2022) - Autre référence, David Daniels synthétise avec précision et sensibilité l’Ennéagramme et les neufs types de personnalités. Ce livre a l’ambition d’être pratique, utilisable, avec plusieurs questionnaires et exercices. Au-delà de l’Ennéagramme, plusieurs chapitres s’attachent à la relation humaine, le plus souvent dans la vie de couple, mais la plupart des éléments sont transposables dans l’environnement professionnel également.
  • Philippe HALIN et Jacques PRÉMONT, Comprendre et pratiquer l’Ennéagramme (2007) - Un livre clair et juste, qui approche les neufs profils par les tensions qui s’expriment en chacun de nous (Je fais ce dont j’ai envie VS je fais ce que je dois, ou bien encore j’analyse en profondeur VS je passe à l’action). Un regard original qui permet d’appréhender autrement chacune des personnalités de l’Ennéagramme.
Une image d'une île luxuriante, vivante de faune et de flore